Mazurkas, stats et pensées en vrac

Danse de couple de bal folk

Comme beaucoup de danseurs de bal folk je prends grand plaisir à la mazurka. Aux mazurkas, car il n'y a pas que la charmante façon "Gascogne - Gennetines", c'est ce que nous rappellent parfois des connaisseurs barbichus et des pratiquantes expertes, une "vieille école" à laquelle je m'associe volontiers.

Je consulte régulièrement les statistiques du questionnaire d'Accrofolk sur "notre danse préférée". A y retrouver sans relâche cette danse de couple en tête des suffrages, je me questionne sur les particularités de ce succès en bal folk pour cette jolie danse de jadis relativement moderne : danse de salon des années 1850 peu à peu popularisée, revisitée, transformée et folklorisée, par des maîtres à danser ou dans des terroirs (si j'ai bien compris et bien retenu grosso modo divers enseignements et écrits érudits) et qui prend avec constance une place de très grand choix dans la demande et la pratique des bals folks.

Les branles, les danses "techniques", les répertoires spécifiques, sont donc sensiblement relégués statistiquement à travers ce "sondage". La bourrée, la scottish et les mixers tirent leur épingle du jeu. La valse, présumée reine des danses de couple, stagne curieusement dans les profondeurs… Attention, cela ne signifie fort heureusement pas que ces danses "mal classées" soient "mal-aimées", mais bien qu'elles ne sont que "pas les préférées" d'une majorité. C'est un peu le principe moteur des Hit-parades et Top 50 de la fin du XXè siècle. C'est pas qu'on n'aime pas le reste, mais il faut donner un numéro 1 (sans notion de résultats de vente, il est vrai).

Je remarque dans bien des bals la vibrante excitation et l'ardente exaltation de danseuses ("ââââââhhhhh, une mazurkâââââ") et les manœuvres parfois fébriles pour se positionner du mieux possible afin ne pas manquer le bonheur annoncé d'une mazurka. Et de rechercher avec plus de détermination et de hâte encore des cavaliers potentiellement compétents. Elle sera dansée à la gasconne, évidemment, y compris sur des morceaux musicaux d'enracinement auvergnat, lorrain ou picard... Cette variante de pas "du sud-ouest" a certainement contribué à la relance, à la mise sur orbite même, depuis quelques années, de cette danse bien moins prisée jusque là.
Hypothèse, comme ça : et si tout simplement les réponses au questionnaire reflétaient surtout un vote très majoritairement féminin ? En proportion de votant(e)s, combien de danseuses friandes de mazurkas se sont-elles prises au jeu du vote-sondage de ce site et ont-elles affiché là leur ferveur romantique et/ou technicienne pour cette danse ?

En fait, ce qui me frappe, c'est que la réponse à une question qui aurait pu être "qu'aimez-vous de spécifique dans les bals folks", on attendrait une réponse "les danses collectives" eh bien non, pas vraiment, à la question "quelle est votre danse folk préférée ?" l'on obtient en réponse "la mazurka" donc une danse de couple issue de bals de salons, du passé certes mais assez peu traditionnelle. Pourquoi le tango, le paso-doble ou le fox-trot assez comparables historiquement à la mazurka n'intègrent-ils pas les bals folk après tout ? Et pourquoi la mazurka n'est-elle plus proposée en bal populaire ? Mystère ou au contraire évidence ?

Quoi qu'il en soit, webmestre Hervé, notre épatant maître à tisser de www.accrofolk.net, dans les futurs sondages sur la danse trad., il faudrait pouvoir qualifier le sexe du répondant. Pas d'affolement en attendant la clôture de ce "scrutin", un sondage reste un sondage et n'est pas une vérité scientifique, le bal étant surtout une science humaine. Et vivent les mazurkas !