Il paraît qu'il n'y connaît rien

Un festival. Ce sont six soirées consécutives avec de grands groupes : ambiance festive et enthousiaste.

C'est un petit vieux presque bossu, qui ne danse pas, qui regarde et qui écoute. Après chaque groupe, il nous fait un commentaire qui commence invariablement par :

Un beau bal (photo Serge Coquelut)- Je n'y connais rien, je ne suis pas musicien, mais…
Et après, c'est selon :

  • mais j'aime bien la musique ce soir. »
  • mais comme ils sont forts ! »
  • mais j'ai l'impression qu'ils inventent beaucoup. »
  • mais je les trouve bien agités.»
  • mais ils ont l'air de bien s'amuser, tous, à remuer comme ça ! »
  • mais je n'ai pas tout compris... »

Or, le groupe de ce soir, ce sont seulement deux frères. Sans doute y a-t-il vingt ans qu'ils jouent ensemble. Une énergie puissante, chaleureuse, un rythme parfait (sans percu), et beaucoup, beaucoup de créativité. Les yeux perdus, ils s'écoutent...Et nous dansons avec un bonheur rarement égalé. Il se passe quelque chose : les visages illuminés, on ne se bouscule pas malgré l'affluence, même fatigué quand la soirée s'avance. Etat de grâce.

Et le petit vieux presque bossu de me dire :
- Je n'y connais rien, je ne suis pas danseur, mais ce soir, comme c'est beau! On dirait que tout le parquet bouge ensemble, comme si c'était une seule personne !

Bref, ce soir, tout le monde est d'accord...

Cheveux Gris