Partant d’une expérience diversifiée et réfléchie, riche d’une pratique de la danse et de la scène, servies par une plume vigoureuse et diserte, Cheveux Gris nous éclaire, sans tintamarre inutile, sur les subtiles variations du folk.
Par ses billets ni doux, ni complaisants, mais somme toute bienveillants, elle explore avec acuité cet univers mouvant. Elle pose des jalons et formule des espoirs et conseils ouverts pour la vitalité de nos plaisirs de danseurs et de musiciens.
Et nous voilà confinés! "Restez à la maison!" qu'ils disaient: "lisez...écoutez de la musique...faites de la musique" Ca, ça va. Mais...
Fin de bal. Une dernière valse. Elle est belle, dansante, tournoyante, une jolie valse traditionnelle pour finir en beauté. Elle est longue, longue, longue. Si longue qu’un couple s’arrête, peut-être ivre d’une si belle valse, peut-être las après un si beau bal. Puis un autre, un autre. Peu à peu, tous s’arrêtent. Et la valse continue.
Deux fois cette année, j’ai eu droit à un anniversaire, une fois un concert une fois un bal : chaque fois, un groupe, un bon groupe, un excellent groupe fête ses vingt ans, ou ses trente ans, ou autre chose, que sais-je. Ce bal, ce concert, on s’y presse avec enthousiasme,...
Atelier de danse dans un festival, cette fois ce n’est pas du folk, mais du tango, ou peut-être de la salsa, ou un swing américain ? Je ne sais plus, ça n’a pas d’importance, danse de couple en tous cas. Il fait beau, il fait chaud, on transpire dans son débardeur, sa jupe courte ou son bermuda.
Fest-noz en Haute-Bretagne. C’est une chanteuse célèbre qui va ouvrir le bal. On l’attend avec impatience.
Le parquet de la salle est vieux, très vieux, c’est sûr. Ce soir-là, quand les danseurs arrivent…il y a un trou.
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C’est une histoire vraie : celle d’un danseur bien bourré.
Fest-noz en Bretagne. Aimer à fond...Il danse. Même si ce n'est pas un danseur fulgurant, seulement honnête, dans la masse, il danse avec énergie, avec enthousiasme, il n'en manque pas une ! Un enragé, quoi,
Schhhht….schhhhht….schhhht…
Que se passe-t-il ? Bizarre. Il y a deux minutes, ils explosaient, on en avait plein les oreilles : rythmes d'enfer, saxo éclatant, élan effréné, impros flash, violent, bruyant, superbe ! Et...schhhhht...schhhhht...schhhht…soufflent-ils maintenant.
Ils sont quarante à boeuffer. Tous ensemble, tous instruments, diatos, violons, cornemuses, chromas, trav et j’en passe...
C'est un petit vieux presque bossu, qui ne danse pas, qui regarde et qui écoute. Après chaque groupe, il nous fait un commentaire qui commence invariablement par...
Sans aucun doute, il danse bien. Très bien même. Mais... quand la danse fait un grand cercle, il en fait un petit à côté, avec ses amis, béats d'admiration, un petit cercle qui gêne le grand, l'oblige à se déformer, rend l'évolution inconfortable.
Tradition : voici venu l'été, le temps des festivals. Ne sont-ils pas, au fond, un peu tous pareils ? Ateliers du matin au soir, bals du soir au matin, bousculade aux douches, qui sont parfois froides et parfois bondées, merveilleuses musiques mêlées, chapiteaux plus ou moins surchauffés, parquets souvent débordants, ticheurtes et écocups souvenirs, et cuvée spéciale.
Au cœur de l'hiver, je songe aux danses de l'été dernier : rions un peu, histoire d'attendre celles de l'été prochain. Clac ! Clac ! Bruit de gifles ! Est-ce un blondin qui voulait s’émanciper ? Ou bien Cheveux Gris qui règle son compte à Amato... ?
Dans un stage de musique, entre bourrée, valse et rondeau, Marie rencontre Hassan. Il joue du folk français et du flamenco, elle de la musique irlandaise. Sympathiques échanges musicaux. Ils sont aussi passionnés l'un que l'autre.
Voilà qu'il lui demande :
Ils jouent bien, on fredonne, on fredonne plus fort... et bientôt tout le parquet est couvert d'une longue chaîne de danseurs qui chantent et dansent.